Mini évènement à Tilly: la Sidech, entreprise chimique implantée depuis de nombreuses années dans le village, leader mondial dans la production de bismuth, passe de la catégorie petit Seveso à grand Seveso. Dans l’imaginaire populaire, ce statut est associé aux images de Bhopal en Inde, Seveso en Italie ou encore AZF en France. Risquons-nous pour autant de succomber dans une immense déflagration ou sous un nuage mortel? Certainement pas!
Le passage en catégorie supérieure est lié à l'augmentation de la quantité de matières premières stockées sur le site, facteur déterminant pour le classement en grand ou petit seuil. En effet, même si le bismuth représente toujours l'essentiel du chiffre d'affaires (60% actuellement), la tendance consiste à développer la production d'autres nitrates (plomb, cobalt, cuivre, nickel, fer) .
Concrètement, ce changement de classification oblige l'entreprise à fournir un rapport de sécurité à la cellule RAM (Risques d'Accidents Majeurs) de la Région wallonne, reprenant une analyse approfondie des risques potentiels, de leurs probabilités et des impacts éventuels. Sur cette base, un périmètre de sécurité sera défini. Par la suite, il servira également à la rédaction d'un plan d'urgence externe par la Protection Civile. On peut donc à la limite se réjouir du passage en catégorie grand Seveso puisqu'il contribuera à un contrôle renforcé et donc une plus grande sécurité pour les riverains.
Selon la Faculté Polytechnique de Mons qui contribue au rapport de sécurité, le risque majeur à Tilly est lié à l’écoulement de produits liquides ou en fusion. En cas d’accident, il faut empêcher que ces produits ne pénètrent dans le sol ou ne s’écoulent dans la rivière toute proche. Dans ce but, un bassin de rétention a été récemment construit au point le plus bas de l’usine pour contenir toute fuite accidentelle.
Parallèlement, d’autres bassins sont en cours de construction pour décanter les eaux et réguler leur rejet à la rivière après passage par la station d’épuration. Ces bassins sont destinés à remplacer les anciennes lagunes placées à l’arrière de l’entreprise. Non étanches et lourdement chargées en métaux lourds, les lagunes ne répondaient plus aux normes; leur assainissement est en cours.
Restent les fumées qui ne cessent d’inquiéter régulièrement les riverains à cause de leur couleur jaunâtre et des odeurs âcres qui y sont associées en cas de dérèglement des tours de lavage. A ces occasions, ces rejets irritants ne sont pas réellement toxiques, du moins pendant un temps limité. Seuls les asthmatiques ou les personnes sensibles des bronches doivent éviter cette exposition. Il n’empêche que ces incidents sont beaucoup trop fréquents. Un meilleur contrôle des processus de fabrication et de rejet des fumées est impératif.
Le bruit est une autre source de nuisances régulières pour les riverains. La politique de l’entreprise consiste en des améliorations régulières par petites touches. Si les travaux sont financièrement soutenables, l’insonorisation d'un atelier est envisagée prochainement.
En politique environnementale, la Sidech a encore des progrès à faire mais la volonté y est et nous la félicitons pour sa transparence en matière de communication.